Où en est-on en France, du paiement NFC avec un smartphone ?

Où en est-on en France, du paiement NFC avec un smartphone ?

Chloé, Maël, Mathias

Le NFC (Near Field Communication) est une technologie sans fil à courte portée. Elle permet à deux appareils compatibles, tels que des smartphones, de transférer des données simplement en les rapprochant à quelques centimètres.

Depuis plusieurs années, les géants de la tech tels qu’Apple, Google et Samsung investissent massivement dans le développement de solutions de paiement sans contact via smartphone, comme Apple Pay, Google Pay et Samsung Pay. Pourtant, les banques françaises ont longtemps hésité à embrasser pleinement ces technologies. Pourquoi cette insistance des constructeurs, et quelles en sont les implications pour le secteur bancaire ?

Une stratégie de fidélisation et de diversification pour les constructeurs

Pour les fabricants de smartphones, intégrer des solutions de paiement mobile répond à plusieurs objectifs stratégiques :

  • Renforcement de l’écosystème : En proposant des services de paiement intégrés, les constructeurs créent un environnement complet qui encourage les utilisateurs à rester fidèles à leur marque. Par exemple, un utilisateur d’Apple Pay est davantage incité à continuer d’utiliser des produits Apple pour bénéficier de l’ensemble des services offerts.
  • Nouvelles sources de revenus : Bien que les commissions sur transactions soient réglementées en Europe, ces services permettent aux constructeurs de diversifier leurs revenus et de monétiser davantage leur base d’utilisateurs.
  • Collecte de données : Les transactions effectuées via ces plateformes fournissent des données précieuses sur les habitudes de consommation, permettant aux entreprises de mieux cibler leurs offres et publicités.

Les réticences des banques françaises

De leur côté, les banques françaises ont manifesté plusieurs réserves face à l’adoption de ces solutions :

  • Perte de contrôle sur les données : En laissant les géants de la tech gérer les transactions, les banques craignent de perdre l’accès à des informations cruciales sur les comportements d’achat de leurs clients.
  • Concurrence directe : Les banques ont développé leurs propres solutions de paiement mobile, telles que Paylib, et voient l’arrivée de ces acteurs externes comme une menace pour leurs offres.
  • Investissements technologiques : L’intégration de ces nouvelles solutions nécessite des mises à jour coûteuses des infrastructures existantes, un investissement que toutes les institutions ne sont pas prêtes à consentir.

Une adoption en progression malgré tout

Malgré ces réticences, l’utilisation du paiement mobile en France est en nette progression. Selon une étude de Lyf en 2024, 63 % des Français ont utilisé le paiement mobile sans contact en magasin, soit une augmentation de 8 points par rapport à 2023.

De plus, on compte 7 milliards de transactions, pour près de 116 milliards d’euros de transactions bancaires sans contact (NDLR : par puce NFC donc) en France en 2023.

Cette adoption croissante s’explique par plusieurs facteurs :

  • Évolution des habitudes de consommation : La pandémie de COVID-19 a accéléré la transition vers des solutions de paiement sans contact, perçues comme plus hygiéniques et pratiques.
  • Compatibilité accrue : De plus en plus de banques françaises rendent leurs cartes compatibles avec des services comme Apple Pay et Google Pay, élargissant ainsi l’accès pour leurs clients.
  • Confiance renforcée : Les consommateurs sont de plus en plus rassurés quant à la sécurité des paiements mobiles, 63 % d’entre eux estimant que ce mode de paiement n’est pas plus risqué que les paiements classiques par carte bancaire.

La sécurité : frein à l’adoption 

Bien que le paiement mobile soit conçu pour être sûr, une partie des consommateurs reste réticente face à la crainte de piratages ou de pertes de données personnelles.

Un avenir prometteur mais concurrentiel

Face à cette dynamique, les banques françaises n’ont d’autre choix que de s’adapter. Certaines ont choisi de collaborer avec les géants de la tech, tandis que d’autres misent sur le développement de solutions européennes, comme Wero, le portefeuille électronique européen lancé en 2024.

Pour les constructeurs, l’enjeu est de taille : réussir à imposer leurs solutions de paiement pour renforcer leur écosystème et capter une part significative du marché des transactions. Pour les banques, il s’agit de trouver un équilibre entre l’innovation et la préservation de leur rôle central dans la gestion des paiements.

Ainsi, le paysage du paiement mobile en France est en pleine mutation, marqué par une adoption croissante des consommateurs et une réorganisation stratégique des acteurs en présence.

SOURCES :